la colère

Si, ma foi, il était question d’un cloître, mettons dans la jungle occidentale, je dirais qu’il n’est plus possible de propulser la moindre phrase, ni par le biais de la rumeur ni par celui de l’inspiration démoniaque, pas moins davantage, d’ailleurs, qu’il n’y aurait à espérer le dernier bal d’un murmure ou la sarabande d’un poème plus ou moins féerique.

L’air sous la porte est très bas, et ce qui pue échappe à mes narines, irrémédiablement. On a dû nettoyer trois fois les corridors: l’Enfer est désormais d’une propreté lyrique. Sinon toujours, tout faire du moins souvent comme eût fait Monsieur Teste: remuer le moins possible, à force de fatigue peiner dans la fièvre, – à la limite souffler comme un porc, mais dans un mouvement de masse vers un lac, le mouvement d’un troupeau se précipitant à travers la plaque noire et vitreuse d’un lac de montagne ou de plaine, qui ne refléterait guère plus qu’un saltimbanque tirant la langue du haut d’une pyramide de nains enragés, dérisoirement juchés sur un monstre imbécile.

Maintenant que nous sommes plusieurs, à vrai dire à peine moins nombreux que les enfants d’Abraham ou, que dis-je, maintenant que déferlent vingt légions d’estropiés dégénérés d’Irlande, je peux sans craindre me lever, glorifier l’obnubilation de mon noyau génétique et, au hasard des chutes et des crachats historiques, annuler d’un coup de tête trois civilisations, dix empires et vingt-trois royautés, ou principautés faméliques.

Je recommande par exemple très sérieusement de considérer Néron comme un imposteur microbioscopique: la chair défaite libère un nuage repoussant, une vapeur d’eau morne et graisseuse qui tremble et stagne devant l’os, attaquant les yeux et dessinant un tableau fétide, le craquement d’une justice assurément imprécise, au sommet d’un bûcher trop hâtif.

«Je suis lasse, clame la foule,

Libérez la fable, hérissez les sornettes, assoiffez tous les diables!»

– Nous avions décidé de recommencer la femme, la colère et le vin,…