la scène (une ébauche ou une tentation)
une plaine
de la tourmente un arbre
un cerisier, trois grosses branches nouées
un champ de choux-fleurs l’hiver une mince odeur quand le soleil
une couleur jaune grise un retable flamand
décomposition
polan assis au bout d’une branche haut sur la gauche
un air d’harmonica vers la droite un coup de vent les branches bougent
un lapin de garenne traverse la scène des bonds
mélane au second plan au troisième plan très loin derrière
se courbe ramasse quelque chose ne court pas
plus loin qui fait horizon avec le ciel une chaîne de montagnes
leur sommet blanc polan balance ses jambes
à droite un chemin presqu’une route
de terre battue
sur les côtés deux rideaux rouge pâle
épais durs las au plafond un lustre dans le ciel des traînées blanchâtres
le jeune homme entre en scène le héron prend son envol
lourd bat des ailes lourd bat des ailes
une cargaison de munitions militaires caisses grises empilées dans un coin
au fond un œil de bœuf traversée d’une croix à travers
le champ à travers le cerisier la plaine
de la tourmente contre la fenêtre
[une vue sur la mer en surplomb plus bas des cyprès à gauche une falaise molle
une colline (Colline avait un visage à faire tomber et la voix assassine)
les commentateurs disent qu’il y a un cimetière une tombe inconnue
25 septembre 1940]
du sable jaune
de la tourmente
des déserts
des caisses militaires
feu feu feu
mélane prend dans ses bras la mort de l’enfant
le jeune homme, au centre de la scène, chemise déboutonnée, se scarifie la peau avec un cutter
obscénité
polan assis sur la branche du cerisier regarde en direction de mélane
le jeune homme se met à genou se met les mains ouvertes sur le visage
entre un soldat une mitraillette en bandoulière
les bottes claquent cirées à neuf défait une caisse scellée en retire des balles
sort de la scène