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16 mars 2007

- Seul face à l’avenir. - Peut-être. - Seul face

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- Seul face à l’avenir.

- Peut-être.

- Seul face à l’avenir, si par avenir on entend la mort.

- Seul face à la mort, oui, oui…répondit-il.

Le jeune homme : «  Je lui arrache sa chevelure blonde. Je prends cela. Au moins cela. »

Mélane a les cheveux blonds, longs, jusque dans le bas du dos.

Le jeune homme : «  Laisse-moi à présent…seul…face à l’avenir. J’ai bien compris. Alors ce sera seul face à la mort. Ne me dis plus rien, ne viens même pas. Chacun, seul face… Chacun et toutes les fois, jusqu’à la mort. Je n’y crois pas une seconde, mais si tu le dis, si tu le penses. Je n’ai pas les mots pour te convaincre du contraire. Je n’ai pas les mots pour t’emmener ailleurs. Juste à côté, ensemble. Je n’ai pas la force de dire l’ensemble, alors si tu le penses, alors vas-y, retire-toi. »

Mélane a les cheveux blonds, longs, jusque dans le bas du dos. Elle les peigne longuement le matin devant le miroir de la salle de bain. Elle se regarde. Elle les amène devant, deux bonnes poignées, les brosse, enlève les nœuds. Longuement. C’est le matin.

Le jeune homme insiste, lui qui voulait disparaître. L’image de polan, sous la hauteur du jeune homme, s’estompe. Polan rétrécit. La dernière fois, on pouvait le voir en vélo dans la rue des Pavillons.

Le rue fut une scène bien artificielle. A cet effet, elle ne tint pas longtemps. Alors quoi, quand a disparu la rue. Qu’y a-t-il à la place ?

Le jeune homme : « Que faire maintenant que la scène semble s’effacer. Ou tenir. Je cherche une image. »

Il remue la tête. Mélane se tourne dans le lit. Polan pédale quelque part, hors du plan. Du moins, le jeune homme, imagine ou espère que polan pédale toujours quelque part.

Le jeune homme se dit qu’il faudrait arriver à forcer la rencontre de deux images. Une troisième image naîtrait à l’intersection des deux autres.

Séparé, polan pédale. Il traverse une rue, s’arrête à un feu, pose le pied. Vert, polan donne une impulsion au corps depuis le pied posé à terre, et en équilibre, fait un tour de pédale, un deuxième, il franchit le carrefour.

De là une nouvelle image. Polan entre dans le tram, il y a du monde, les heures de pointe, reste debout, une main en l’air qui tient la barre. Une mélodie qui sort d’un accordéon se mêle au bruit de la machine. Polan regarde en bas, ses pieds et les chaussures des autres. Un arrête, ça sort et ça entre. Le tram sonne et repart.

Cette fois, polan sort du tram. La main ayant lâché la barre, les yeux s’étant remis à l’horizontal.

*

« le terrain de foot…la nuit…en hiver…la lumière artificielle dans les quatre angles…des bruits de verres qui se font santé…des joueurs avec des brassards fluorescents…le grillage monté très haut pour éviter que le ballon aille, si quelqu’un aurait raté le cadre, dans le canal…à côté…un terrain battu en gravier…le dimanche ou le samedi ou les soirs d’été…le fracas des boules métalliques près du cochonnet…la cantine, petit, avec deux francs on avait droit à une bouteille de coca…on trouvait les deux francs en allant dire un bonjour aux oncles qui se tenaient un verre à la main, la bouteille couchée et à l’abri, derrière la barrière…ils regardent le match…derrière les buts les jeunes supporters, souvent joueurs de foot à leur niveau…ils font sonner les cloches de vache…le coca se buvait au goulot ou avec une paille…pas de verre…les gens utilisaient les panneaux de la barrière pour y mettre de la publicité…entreprises et assurances…les banques aussi…sponsors…deux terrains si je me lève un peu…le petit et le grand…le petit servait aux entraînements et certains match junior…le grand le beau le neuf, certainement vieux aujourd’hui, pour les matchs de championnat… »

Le jeune homme descend du train, s’assied à la terrasse d’un café, sur les escaliers, assise, un livre dans les mains, mélane blonde, et commende un coca. Il lui reste une demi-heure avant la correspondance, dans le sac beige clair à bandoulière, quelques livres, le jeune homme est fatigué, perd son regard dans la chevelure de mélane.

Les yeux font des nœuds aux images.

Polan vient de descendre du tram et s’approche de mélan, le train va partir, le jeune homme esquive polan et court prendre son train. Polan s’assied à côté de mélane, la laisse lire, il se repose un peu le soleil de la fin d’après-midi sur ses épaules.

Comme veille la main amie sur celle qu’elle aime.


- Quelqu’un m’a volé le vélo.

- C’est embêtant.

- Oh, je te disais cela pour te donner la raison qui m’a fait prendre le tram. Je crois que je ne vais pas reprendre de vélo. J’aime bien, finalement le tram. C’est plus reposant.

- Le bébé va bien, tu le sens, il bouge ?

- Oui, il lui arrive de bouger. Ça fait drôle dans le ventre.

- Si c’est une fille, on l’appellera Robota, d’accord ?

- Si tu veux. C’est joli Robota. Et si c’est un garçon ?

- Je ne sais pas encore. Tu as une idée ?

- Non.


Polan retire son regard de mélane et le jette au loin devant lui. Quelque chose se dit à lui-même, comme une voix étrangère, mais du dedans : « Seul face à l’avenir, seul face à la mort. »

Dans le train, le jeune homme laisse défiler le paysage sur sa figure.


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